Corps de tortue

les algues sont sales sales sales les algues sont plus sales que nos enfances elles sont gluantes et sales d’être noyées je surgis enfin des algues comme une reine des marées mais je ne sens plus les anges qui me regardent. où êtes-vous? l’eau est nuageuse et sans miroir je suis folle sans vous je déborde dîtes-moi je dois débarasser

mais oui la peau finit par céder et voici elle accouche de tous les boyaux enfin même l’épiderme endormi s’écrie quelle ! horreur ! quelle ! folie ! de se tromper ! dans son visage !

je ne suis plus assise sur mes hauteurs non soudain velours vert c’est ce que je suis
une pomme empoisonnée dans son arbre
je chauffe des chairs qu’on étire

elissa étirée étirée étirée
étirez étirez elissa
elle ne lira pas ça
étirez entrez entrez entirez

juste casse

cerveau

tortue
cassée au soleil


mon cerveau est une tortue cassée au soleil

fondamental quand elle ne bouge pas mais est enfin ouverte

qui l’a échappée?

fondamental le gâchi et le dommage

qui l’a échappée?

fondamental quand au soleil l’énigme brûle

qui m’a échappée?

fondamental quand mon père me frappe
et ma mère pas assez forte pour se battre mais
assez forte pour se faire battre

avec moi

fondamental les verbes aimer


où va le poison si ce n’est pas dedans?
qu’est-ce que je bois quand je n’ai pas
la gorge fermée?

drôle de câlin tu me mutiles triplement
quel échange quelle texture dans ces deux corps
battues salies mangées jamais nourries
je fais confession devant les murs
je fais le tour de mes épines
je suis cette créature aigüe
pour qui la vie n’aurait pas dû

je mange tous les fruits du monde
pour ne pas savoir le poison qui me tue
même si je sais l’oiseau qui me ronge
fait un bruit de métal

m’ouvrir m’arrive moi aussi
ce n’est pas une belle ligne la cassure
elle va et vient dans mes os
comme un labyrinthe qui court

j’aimerais être un peu plus la hyène
qui rit en chassant
mais il fait nuit dans mon ventre

je veux me vomir par le nombril
une fois pour toute naître de la déchirure
en morceaux en sangs mais naître

je me souviens et personne ne voit
les anges qui m’observent et qui dansent
dans l’oblique de mes yeux
je suis jouée par les voix

une sorte de paix m’effleure
je retourne à la grotte de l’origine
je n’y rentre jamais mais elle est là
dans la solitude de mes marais


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