Sur ma chaise de torture

Sur ma chaise de torture je t’apprends à danser 
Je t’invite à regarder ton reflet sur mes dents

Tu as enfin ce visage
de ceux qui crachent dans le mien. 
***
Laisse-moi muer dans une peau libre. 
Je m’éloigne des opinions. 
Soyons filles,
Soyons louves. 
Je choisis la cruauté indifférente des enfants,
l’indifférence cruelle des animaux.

Organisée par les orages,
Je tremble sur demande
Les choses me chuchotent
Et les choses me cherchent
Mais je demeure absente.

Mon puits est horizontal 
Je marche dedans
dans un décor loin de la misère.
***
Je suis dans le mur de tes paupières
à deviner la nuance des peaux que j’habite.

Je n’ai plus l’audace de l’éléphanteau. 
Je m'accroche, mais
dans mon corps je sors du tien.

Quelle drôle d’idée ! d’avoir un ventre 
Je le touche pour voir 
si le vide est toujours là.
Je me surprends à penser à une vache 
à son corps comme une porte 
qu’on force de son cadre.
Je grimace dans ma grimace. 
Et dans la tienne je demande pardon.

Je suis sale, mais j’ai appris de tes gestes. 
Je suis sale, mais je me perds dans les couleurs. 
Je perds patience devant la hache. 
Quand je me tranche…
Équilibre. 

Je me tiens en équilibre entre toi et le désordre
Je me tiens en équilibre dans mes jambes croisées 
J’ai appris une langue qui a coupé la mienne
Tu me tiens en équilibre sur ma chaise

Mais les noms continuent à s’épuiser et quelque part 
sur la terre, mon visage se donne à une autre 
qui le portera mieux que moi. 
***
Qui fait les trous dans les humaines ? 
Les apparitions s’agitent.

Je t’ai arraché l’espace et je l’arrache 
jusque dans tes os. 
Je détruis la suite de ton histoire.
Je ne veux pas de ton pardon.
Je veux naître de ton corps libre et animal. 
Je veux naître sans toi.
Je rampe à ton dos tourné.
Abandonne-moi.

Tu me demandes si je suis le barbelé ou la soie
Je te dis : 
Je ferai de toi ce que je mange
Je viens d’un ventre plus grand que le tien.


Maman, redeviens tigre
Je veux jouer avec toi
Laisse-moi te regarder bondir
Arracher le cou
Comprendre la violence de la violence
Montre-moi le secret des cellules 
la saleté des marais 
qui nous ont formés à la naissance


Je te promets comme une louve.
Je te promets l’étendue de mes pays. 
Un jour tu vas mourir et je 
me retournerai dans ma tombe.
Je l’ouvrirai pour naître seule cette fois
dans le feu d’une forêt qui se renouvelle.


 

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