Je suis Lisla Eskaya, Akyesal Sasil, Kaias Yeslal, Lysiaa Lekas. Je rigole. Je suis Kassia Lyale, Elias Akylas, Yasik La Sale, Issa El Ykaal. Je recommence. Je suis la mère, ma sœur, le garçon mineur chez les frères voisins. Encore. Je suis mes deux amis, l’escalier cassé de mon enfance, un matelas graisseux et le sol, je m’éloigne. Je suis l’écureuil attaché à un bâton, plus proche, je suis, une tortue ouverte au soleil, l’œil de poisson dans ton assiette croustillante je suis en offrande pour le monde, encore, le corps qui se rappelle encore, je suis corps blanc sur fond blanc, rire poli sur rire méchant (ou l’inverse ?) je suis le bâton qu’ils frappent contre l’arbre encore et encore, le sang qui dégouline contre l’arbre, oui, les yeux d’un arbre témoin de tout, je suis, plus proche, les yeux d’une femme témoin de tout. Je rigole, désolée, je suis seulement étouffée dans un sac pliée sous un ventre ventre pour une bombe mais enfin, nous sommes les mêmes sans comprendre.
J’ai pensé que j’étais la suite de ma mère jusqu’au jour où je suis devenue un homme mexicain. Il était lui-même la suite d’un homme colombien, lui-même la suite d’un homme belge, lui-même la suite d’un homme portugais, et ils avaient en commun qu’ils étaient tous universels. Aujourd’hui je me regarde dans le miroir et sous le visage particulier de ma mère, vibrent en moi des nations de petits hommes.
Tantôt j’ai trouvé une feuille sur laquelle nous avions écrit des tables de conjugaison ça allait comme suit GÉSIR tout temps confondu JE VIS TU VIS IL ELLE VIT NOUS VÎMES VOUSVITEILS VIRENT GÉSIR NOS VIES. et puis : Gabriel on meurt quand on peut et crois-moi je fais de mon mieux Je ne suis pas faite pour un seul moi le passé souvent n’est pas si simple puis c’est vrai mes tableaux se confondent.
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